samedi 19 février 2011

J'ai vu le Loup, le Chien et le Hamster

Je faisais état récemment sur ce blog (message du 6 janvier 2011) de mon intérêt pour la bande dessinée zoomorphique. Je m’étais amusé à transposer sous une forme animale les principaux personnages de L’Amérique ou le Disparu. Poursuivant dans cette veine et pour voir ce que ça donnerait, j’ai inséré trois de ces personnages – Karl le hamster, Robinson le chien et Delamarche le loup (plus un figurant transformé en lapin) – dans une page existante de l’album, extraite du chapitre IV. Le reste, scénario, mise en page et décor, demeure à toutes fins pratiques inchangé, comme on peut le constater en comparant avec la page originale.


lundi 7 février 2011

Un invité de marque

Sur le balcon, au beau milieu de la nuit, Karl fait un brin de causette avec le voisin, personnage identifié simplement dans le roman comme «l’étudiant». Celui-ci travaille de jour dans un grand magasin et poursuit de nuit avec acharnement des études interminables et inutiles, mais qu’il ne peut se résoudre à abandonner. Pour se tenir éveillé, il ingurgite des litres et des litres de café noir (le Red Bull n’existait pas à l’époque), boisson qu’il déteste d’ailleurs.

Toute ressemblance avec des personnes réelles, qu’elles étudient ou non à l’UQO, ne peut être que l’effet du hasard.

Homme intelligent, l’étudiant prodigue à Karl de sages conseils, reflets d’une vision de l’existence quelque peu fataliste, qui lui font réaliser que, quoi qu’on fasse et où qu’on se trouve, on est toujours prisonnier et que, entre deux prisons, vaut mieux choisir celle où l’on est le plus en sécurité.


Pour donner un visage au personnage de l’étudiant, j’ai eu l’idée, il y a quelque temps déjà (voir sur ce blog «Le Jeu du casting», juin 2009), d’utiliser celui de Franz Kafka lui-même. L’écrivain se retrouve ainsi acteur de soutien dans une bande dessinée adaptée de son propre roman posthume.

mardi 1 février 2011

In Memoriam

Le 13 janvier dernier, l’un de mes étudiants à l’UQO, Marc-Olivier Lavertu, finissant au bac en bande dessinée, succombait brusquement et sans avertissement à un arrêt cardiaque, à l’âge de 27 ans.

Je ne suis pas très doué pour les oraisons funèbres.

Pour lui rendre hommage, nous, ses collègues et ses professeurs, avons décidé d’un commun accord, de mener à terme le projet de BD qu’il devait produire et publier lors de sa session finale. Comme il avait, quelques jours à peine avant de mourir, fait table rase de ses plans initiaux pour repartir à neuf, ce qu’il a laissé de son projet se résume à quelques notes et croquis rapidement jetés sur le papier. Tout est forcément embryonnaire, mais néanmoins déjà structuré et bien établi, d’autant plus qu’il avait eu le temps de nous expliquer ce qu’il avait en tête.

Il s’agit d’une histoire de science-fiction en 13 pages, à la fois poétique et loufoque, qui devait s’intituler (et qui s’intitule toujours) «Les Scouts de l’Espace». C’est un projet collectif, auquel toute la classe a accepté de contribuer. Sachant que les étudiants seront débordés en fin de session et que les meilleures intentions restent parfois lettre morte, j’ai pensé qu’il fallait s’atteler à la tâche sans plus tarder et donner le coup d’envoi. Mon collègue Sylvain Lemay a d’abord reconstitué le scénario à partir des notes de MarcO et j’ai commencé à produire les crayonnés préliminaires. Les étudiants prendront ensuite le relais pour finaliser les crayonnés, les encrer, les lettrer, les mettre en couleurs et compléter le travail d’édition. Les différences de styles devraient rester perceptibles, mais on cherchera à unifier l’ensemble.

À ce jour, j’ai dessiné les six premières pages, sous formes d’esquisses détaillées (ou de crayonnés sommaires, c’est selon). J’en montre ici les page 2 et 6, accompagnées des croquis de MarcO. J’espère avoir été fidèle en les interprétant.