dimanche 25 octobre 2009

La Brunelda

Voici, pour la première fois, la diva en personne, la Brunelda, trônant sur son balcon en compagnie de son amant Delamarche (qu’on a déjà rencontré au chapitre IV).

Cantatrice divorcée, tour à tour décrite comme «une grosse vache» ou «une femme superbe», à la fois séduisante et insupportable, grotesque et sexy, aristocratique et vulgaire, Brunelda prendra une place importante dans les prochaines pages.

Dans un message antérieur de ce blog (cf. «Le Jeu du Casting», en date du 23 juin), je faisais état des recherches préliminaires conduisant à la conception du personnage. Mais, jusqu’à présent, elle demeurait une abstraction. Maintenant, même si on ne la voit ici que partiellement, elle existe.

dimanche 18 octobre 2009

Qu'est-ce que je fais sur Facebook ?

Qui aurait dit que le vieux misanthrope plus ou moins technophobe que je suis, allergique à tout ce qui est à la mode, se joindrait un jour à la websociété ? Je ne clavarde jamais, je ne sais même pas comment on fait. Je passe le moins de temps possible au téléphone. Je ne cherche pas à me faire des amis (pas de cette façon en tout cas). D’ailleurs, le terme même d’«amis» pour désigner les contacts sur Facebook m’a toujours paru un peu douteux, comme le terme d’«associés» appliqué aux employés de chez Wal-Mart. Cela dit, ça fait quand même plaisir d’avoir signe de vie de vieilles connaissances. Alors, je salue cordialement tout le monde en même temps. Je n’ai pas vraiment le temps de dire «allo» à mon clavier pendant des heures.
On ne verra pas ici mes photos de vacances ou celles de mon dernier party d’anniversaire. On ne saura pas non plus quelle musique j’écoute ni quel est mon film préféré.
Je suis peut-être un dinosaure, mais je comprends mal la confusion de plus en plus répandue entre les sphères publique et privée, la recherche de célébrité instantanée (les fameuses quinze minutes d’Andy Warhol). Tout le monde veut se donner en spectacle, tout le monde veut avoir son public. Il y a des phénomènes qui me dépassent, comme la téléréalité, les jeux télévisés, les tribunes de discussion, les graffiti, les tatouages et le karaoké. Je ne comprends même pas pourquoi les gens portent des T-shirts affichant toutes sortes de messages ou ont de longues conversations sur leur cellulaire dans les endroits publics. Je ne juge pas, remarquez bien, c’est juste que je ne comprends pas.
Alors, pourquoi Facebook ?
Pour une seule et unique raison. La voici :
Je suis auteur de bande dessinée. Je ne suis pas que cela bien sûr, mais c’est à ce titre que je désire laisser ma marque sur la place publique. En passant, je me joins à plusieurs de mes collègues pour bannir le terme de «bédéiste», néologisme maladroit et inélégant.
Je suis auteur de bande dessinée, donc, et je travaille depuis cinq ans à un projet qui me tient énormément à cœur : l’adaptation en BD du roman de Franz Kafka «L’Amérique» (ou «Le Disparu»). L’album devrait totaliser un peu plus de 150 pages et j’en ai complété à ce jour environ les deux tiers. Contrairement à mes publications antérieures (séries «Michel Risque», «Red Ketchup» et «Les Grands Débrouillards»), qui ont d’abord paru en magazines avant d’être recueillies en albums, aucune partie n’en a été publiée jusqu’ici. Du moins, pas sous forme imprimée.
Cependant, fatigué de travailler tout seul dans mon coin, j’ai entrepris, en janvier dernier, de tenir ce blog, qui sert à la fois de journal de bord, de making of et de bande-annonce pour l’album à venir, et que j’alimente régulièrement. J’ai quelques lecteurs fidèles, quelques visiteurs occasionnels sans doute aussi, mais ce n’est pas assez.
Par Facebook, je cherche à élargir mon audience et à diriger le plus de gens possible vers mon blog, en espérant un effet boule de neige, pour susciter un intérêt et faire le plein de lecteurs potentiels avant la sortie du livre, dans un an ou deux, si tout se passe bien.
Il faut savoir qu’au Québec, 3000 albums vendus, c’est considéré comme un succès et 500 comme un score honorable. C’est déprimant. Pour ma part, je vise quelque chose comme 50 000, tout en sachant que c’est de la folie pure.
Mon objectif est de vendre un maximum d’albums, de façon à assurer mes vieux jours (j’aurai bientôt 58 ans, je dois commencer à penser à ce genre de choses) et, si les dieux le veulent, pouvoir continuer à faire de la BD pour un autre 40 ans.



Au fait, je ne cherche pas à me faire des «amis», mais je suis ouvert aux commentaires et aux échanges. Même que j’adore ça.

mercredi 14 octobre 2009

Faubourg III

J’ai terminé le crayonné de la case. Il ne me reste qu’à l’encrer et à y appliquer les tons de gris. Mais ce ne sera pas de sitôt : je dois d’abord terminer l’encrage du chapitre VI et continuer les crayonnés et esquisses du chapitre VII. Il ne faudrait pas que ce blog chamboule l’ordonnance des étapes de production de l’album.

Une remarque à propos des balcons qui ornent la façade de l’immeuble où habite, au dernier étage, le trio Brunelda-Delamarche-Robinson (à droite du dessin) : ce genre de balcon est assez inhabituel sur les immeubles d’habitation new-yorkais, où l’on ne trouve normalement que les petits balcons métalliques donnant accès aux escaliers de secours. Cependant, ici, le scénario l’exigeait : c’est là que sont confinés les domestiques (c’est-à-dire Karl et Robinson) lorsque Brunelda et Delamarche ont besoin d’intimité. Karl se trouvant en quelque sorte prisonnier dans l’appartement, il était clair que le balcon ne devait pas avoir d’issue de secours.

samedi 10 octobre 2009

Faubourg II

Comme promis, voici déjà l’étape suivante. Ma scène de rue commence à prendre forme. Tout y est, ou presque. Mais, comme je dis toujours, il faut 10% du temps pour faire les premiers 90% du travail et 90% du temps pour le reste (principe s’appliquant aussi à la rénovation domiciliaire).


À propos de scène de rue, je vous offre en prime cette illustration assez délirante que j’ai dénichée dans une anthologie. Elle porte le titre «Picturesque America», date de 1909, et est l’œuvre de Harry Grant Dart, artiste malheureusement méconnu de nos jours.


Ce n’est pas exactement l’effet que je cherche à obtenir, mais c’est tout de même une bonne source d’inspiration, et ça place la barre très haut.

Dieu que l’Art est difficile !

mercredi 7 octobre 2009

Faubourg I

Au début du chapitre VII, Karl arrive en taxi en compagnie de Robinson à l’immeuble où habite ce dernier avec Delamarche et la cantatrice Brunelda, dans un quartier populeux, que Kafka décrit comme «un faubourg éloigné». Éloigné de quoi ? De l’hôtel Occidental, sans doute. S’agit-il d’un quartier de New York, ou bien de la ville fictive de Ramses ? L’auteur ne précise pas davantage.

J’ai imaginé une rue qu’on pourrait situer quelque part à Brooklyn, ou encore dans le Lower East Side. Dans l’album, le chapitre s’ouvre sur une vue d’ensemble de la rue en question, au moment où le taxi arrive devant l’immeuble. C’est le genre de case qui peut demander une semaine de travail à elle seule, comme celle de la page 14, dont elle est un peu l’écho (voir chapitre II, dans le message du 20 janvier du présent blog) et qui montrait l’immeuble de l’oncle Jacob, au cœur du quartier des affaires de Manhattan.

Lorsque j’ai à dessiner une case de cette complexité, je commence par jeter sur la planche une première ébauche, très sommaire, que je retravaille ensuite par calques successifs de plus en plus précis, sur papier vélin, avant de revenir à la planche.

Je présente ici cette première esquisse, qui sera suivie des états successifs du dessin jusqu’à la version finale, un peu comme je l’avais fait dans le message du 27 juin («Une case»). Mais aujourd’hui, histoire de ménager un peu de suspense et aussi parce que cette case-ci est beaucoup plus longue à réaliser, je ne montre qu’une étape à la fois.


Évidemment, c’est un fouillis total, mais il faut bien commencer quelque part.

On notera le petit ballon de dialogue «Alors, c’est ici que tu habites ?», qui focalise le regard et nous fait entrer tout de suite dans l’action. La case n’est plus simplement un paysage urbain, mais fait déjà partie du récit.

C’est à suivre.