dimanche 31 mai 2009

Un Procès

La majeure partie du chapitre VI se déroule dans le bureau du gérant de l’hôtel et prend plus ou moins la forme d’une pièce de théâtre, dans laquelle se déroule un procès, un procès d’un genre particulier où l’accusé est reconnu coupable avant même d’avoir été jugé et qui ne sert qu’à l’accabler davantage.


Les acteurs du procès :


L’accusé : Karl Rossmann, groom d’ascenseur.

Au fond, Karl n’a rien à se reprocher, si ce n’est d’avoir momentanément quitté son poste pour tenter de régler le problème causé par l’ébriété de Robinson. Il doit donc payer pour les frasques d’un autre. L’accusation est injustifiée et le motif est futile, mais peu importe.

On a dit que Kafka était terrifié par l’autorité. Dans son monde, on est toujours accusé, quoi qu’on fasse. Dans son autre roman, «Le Procès», le motif de l’accusation est réduit à rien, une simple inconnue. On ignorera jusqu’à la fin de quoi le héros est accusé. Il est accusé, voilà tout.

Karl comprendra bien vite qu’il ne lui sert à rien de chercher à se justifier dans cette cause entendue à l’avance et que tout ce qu’il pourra dire se retournera contre lui. Il utilise donc le dernier privilège qu’il lui reste, celui de garder le silence.


Le juge : M. Isbary, gérant de l’hôtel Occidental.

Le gérant n’a rien contre Karl au départ. Mais c’est un homme stressé et surmené, qui tient par-dessus tout à ce que rien n’entrave le bon fonctionnement de l’hôtel. Il veut régler l’affaire rapidement. De toute façon, il a décidé dès le début que Karl devait être congédié.


Le procureur : Féodor, portier en chef.

Contrairement au gérant, il déteste Karl, chose que ce dernier ignorait totalement auparavant.

Non content de l’accuser de négligence, il accumule contre lui faussetés et demi-vérités, pour tenter de brosser de lui un portrait aussi noir que possible et de le présenter comme un noceur, un escroc, un voleur, un gibier de potence. Dès l’instant où Karl est pris en faute, il perd toute crédibilité et on peut l’accuser de n’importe quoi.

De plus, le portier est une brute sadique et un véritable nazi. À la fin du chapitre, le procureur se changera en bourreau et cherchera à s’en prendre physiquement à Karl.



Le témoin de l’accusation : Best, groom en chef.

Ce gros garçon à l’air bonasse n’a apparemment rien contre Karl. Il se contente de rapporter les faits, lesquels serviront éventuellement à aggraver l’accusation, comme il se doit.


La défense : Grete Mitelsbach, cuisinière en chef ; Thérèse Berchtold, secrétaire de la cuisinière en chef et amie de l’accusé.

Les deux femmes ont gardé toute leur sympathie pour Karl, mais ne peuvent pas grand-chose pour lui. D’ailleurs, la cuisinière en chef n’est même pas convaincue de l’innocence de son protégé. Le fait que le gérant Isbary soit épris d’elle ne suffit pas à faire pencher la balance en faveur de Karl. La cuisinière en chef cherchera néanmoins à lui venir en aide après qu’il soit congédié.

Quant à Thérèse, probablement convaincue pour sa part de l’innocence de Karl, elle intervient pour tenter d’empêcher le portier de le brutaliser. Mais, dès l’instant où elle se met à pleurer, elle ne lui est plus d’aucun secours.

dimanche 17 mai 2009

Retour à la réalité

Tout le monde aura compris que ce que j’écrivais dans le précédent message, c’était de la blague, une substitution du désir à la réalité. Enfin, presque tout. Il y avait deux ou trois choses de vraies, je vous laisse deviner lesquelles.

Je n’ai pas terminé le chapitre VI, loin de là. Tout ce que je suis arrivé à faire depuis mon dernier compte-rendu, c’est deux pages crayonnées et une page encrée. Non par manque de motivation, mais par manque de temps.

C’est bien peu. Il faudra que je trouve le moyen d’accélérer. Je me suis fixé comme objectif de sortir l’album à l’automne 2010. C’est extrêmement optimiste comme prévision, mais c’est faisable.



dimanche 3 mai 2009

Une excellente semaine

Les choses débloquent : j’ai complètement terminé le chapitre VI. Je vois enfin la lumière au bout du tunnel. C’est plus qu’une lumière, c’est presque une illumination. Sans pouvoir expliquer comment ni pourquoi, j’ai trouvé en moi-même une nouvelle énergie, une nouvelle façon de dessiner, ultra-rapide et efficace, où le doute et les tâtonnements n’ont plus leur place. Le changement est radical et pourtant, il n’y a pas de rupture apparente dans le produit fini. Le style est exactement le même qu’au début de l’album, mais en mieux.

J’ai entamé le découpage et les esquisses du chapitre VII, le plus long. De ce côté-là aussi, les choses marchent rondement. À ce rythme, j’aurai fini l’album au complet sans problème au cours de l’été. J’en ai parlé à mon éditeur et nous envisageons sérieusement une sortie pour l’automne, à temps pour le Salon du Livre. Il m’a fait parvenir un premier chèque d’avances sur royautés.

Du côté anglais, c’est presque réglé. L’éditeur est enthousiaste et m’a fait une proposition très intéressante, avec un montant substantiel dès la signature du contrat. Il est question d’un tirage initial de 125 000, peut-être plus.

Ces sommes me permettront d’embaucher une équipe pour terminer les rénovations de ma maison, qui traînent en longueur depuis trop longtemps déjà. J’aurai ainsi plus de temps pour dessiner. Je pourrai aussi payer un assistant pour numériser les planches et appliquer les tons de gris selon mes indications. Si quelqu’un est intéressé, il n’a qu’à me contacter à l’adresse : realgodbout@hotmail.com.

Autre bonne nouvelle, qui m’a pris complètement par surprise : j’ai reçu une proposition très sérieuse pour une édition en allemand. Incroyable l’effet que peut avoir un simple blog. C’est comme lancer une bouteille à la mer et voir peu après apparaître à l’horizon un transatlantique.

Je suis très curieux de voir ce que ça pourra donner dans la langue de Kafka. Je ne lis pas l’allemand, et le parle encore moins. Mon scénario est tiré du roman tel que je le connais dans la traduction d’Alexandre Vialatte. Or, si le roman original, qui appartient au domaine public, est libre de droits, ce n’est pas le cas pour la traduction. C’est ce qui explique, entre autres raisons, pourquoi j’ai choisi dans mon adaptation de m’écarter du texte, tout en respectant l’essentiel du récit. Je pourrais utiliser les mots de Kafka, mais pas ceux du traducteur.

L’éditeur allemand m’invite à le rencontrer lors de la prochaine Foire Internationale du Livre de Francfort. J’en profiterai pour aller faire un tour du côté de Prague me recueillir sur la tombe de Kafka.

On ne dira jamais assez à quel point le succès et l’indépendance financière favorisent la liberté créatrice. Je n’ai rien à faire du mythe de l’artiste maudit, créant des chefs-d’œuvre dans l’anonymat et le dénuement. Il y a eu, bien sûr, quelques Van Gogh, mais ce sont des exceptions rarissimes.

J’ai commencé à songer à mon prochain album. C’est un projet ambitieux, une histoire totalement inédite qui me passionne déjà. Les idées fusent, c’est à peine si j’ai le temps de les noter. Hier, je me suis installé à l’ordinateur pour jeter les bases du scénario. Sans même m’en apercevoir, j’ai écrit sans arrêt pendant huit heures.

C’est à ce moment-là que je me suis réveillé.